
L'exposition, qui se veut la première à aborder un tel enjeu, a
pour ambition de faire découvrir au visiteur la richesse de la
création artistique haïtienne de ces deux cents dernières années.
Une exposition défricheuse donc qui cohabite depuis quelques
semaines de manière plus confidentielle au milieu des deux monstres du
moment au Grand Palais, qui ont trusté l'attention et l'affluence : Katsushika Hokusaï et Niki de Saint-Phalle.
Il est d'ailleurs intéressant et
louable de voir le Grand Palais mixer avec beaucoup d'attention le
très connu et le plus hermétique de manière à offrir aux
visiteurs une large gamme de découverte artistique.
Pour en revenir
à nos Haïtiens, c'est donc une sorte de rétrospective nationale
que présente le Grand Palais qui souhaite rendre hommage et
consacrer les créations des artistes de l'île Antillaises, seul
pays francophone indépendant des Caraïbes, qui en 1804 en
remportant la Bataille de Vertières face à l'armée de Napoléon
Bonaparte, est devenue la première République indépendante de
population majoritairement noire.
C'est toutefois un pays qui n'a pas
été épargné politiquement, qui a connu de nombreuses
insurrections, une dictature féroce du Papa Doc, François Duvalier,
et ces dernières années des élections entachées de doutes.
Et
puis Haïti, pays extrêmement pauvre, au plus faible Indice de
Développement Humain du continent américain, a malheureusement
subit de plein fouet le traumatisant séisme de 2010 et l'épidémie
de Choléra qui s'est répandue au même moment.
Dans une société
tourmentée, l'art populaire, imprégné des traditions vaudou,
religieuses et francs maçonniques des habitants de l'île, s'est
développé de manière prépondérante face au style académique.
Pourquoi rappeler tous ces faits politiques, sociétaux et
historiques ? Tout simplement car ils m'apparaissent essentiels à appréhender avant de se rendre à l'exposition pour en jouir à sa
juste valeur. J'en parle en connaissance de cause car je me suis
justement rendu sur place les mains dans les poches, or, je n'ai rien
trouvé au Grand Palais pour abreuver ma petite soif de
recontextualisation.
Dans tous les cas, je me suis quand même laissé
totalement happer par la puissante énergie émotionnelle ainsi que
la force brut et expressionniste qui se dégageait des 150 œuvres
exposés au Grand Palais. Dans une scénographie finement bordélique
qui rappelle le chaos urbain haïtien, on découvre des dessins
colorés, des sculptures monumentales, de vastes peintures colorées
ou encore des vidéos allégoriques.
Un seul élément me vient à
l'esprit ! En présentant une histoire de la peinture Haïtienne
de ces deux cents dernières années, le Grand Palais identifie,
reconnaît et revalorise le travail d'une poignet d'artistes :
est-ce simplement dans un but de reconnaissance artistique ou bien
est-ce pour servir les intérêts de certains marchands de l'art
avides de nouveaux marchés ?
Plus d'infos : "Haïti, deux siècles de création" - Grand Palais
Tendances, commerce de l'art, expos, politiques, marchés tout cela il me semble était, est et sera irrémédiablement imbriqué mais c'est aussi ce qui permet de voir de magnifiques évènements.
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