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La souffrance est un plat qui se déguste...

J'ai visité pour vous l’enivrante exposition « Sade, Attaquer le soleil » au Musée d'Orsay. Le visiteur va pouvoir découvrir un grand ensemble de peintures et de sculptures, de toutes périodes et styles artistiques confondus, présentées pour illustrer des extraits de textes de Donatien Alphonse François de Sade, plus connu sous le nom du Marquis de Sade. 

Homme de lettre français du 18ème siècle, Sade est un personnage controversé pour son œuvre érotique empreinte de violences et de cruautés impunies. 

La question se pose donc : le Marquis de Sade est-il un grand philosophe de l'oppression et du désir ou un pervers sexuel sans scrupules ? 

D'un côté, ses textes semblent porter une vision, très audacieuse pour l'époque, d'une humanité masculine naturellement vicieuse et violente, bâtie de chair animal, organique et périssable et qui n'a rien de divin. De plus, ses récits de tortures sexuelles peuvent être également perçus comme des métaphores de l'oppression de la religion et des gouvernements qui sacralisent les comportements bestiaux de l'Homme pour les retourner contre la masse et restreindre ses libertés. De l'autre côté, ses textes ont une troublante authenticité et on sait que Sade a passé un tiers de sa vie enfermé, en prison ou assigné à résidence, pour des actes pas très catholiques. 

Alors, Sade, génie ou sauvage lettré ? Dans tous les cas, outre le débat sur le personnage, l'exposition offre un panorama génial sur la représentation de la cruauté sexuelle dans les arts plastiques. Des tableaux de Francis Bacon jusqu'aux toiles de Gustave Moreau, en passant par les sculptures de Rodin, le visiteur se régale de l'énergie qui se dégagent des œuvres présentées. Les expos thématiques, dont le Musée d'Orsay est un sacré spécialiste, sont une occasion très agréable de réaliser à quel point un même thème peut être traité de manière varié sur la forme. 

Et puis j'aime l'idée que la sexualité masculine entre de manière crue dans les créations culturelles. Le sexualité de l'homme, une réalité quotidienne, qu'elle soit partager avec une femme, un autre Homme ou avec son poignet, est trop souvent esquivée des récits littéraires, picturaux ou cinématographiques dans sa forme primaire et authentique. Pourtant, par exemple, pensez-vous vraiment que dans Titanic, Léonrado Di Caprio ait pu tenir deux semaines de croisière auprès d'une bombe sexuelle qui lui faisait du charme, sans s'endormir au moins une fois en se masturbant dans sa couchette ? 

D'ailleurs, demande le Marquis de Sade dès le 18ème siècle, « Quel homme ne rêve d'être despote quand il bande ? ». Le commun masculin des mortels s'identifiera certainement à cette problématique qui en dit long sur notre désir naturel d'oppression. 






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