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Do it yourself !

Cette semaine, j'ai visité pour vous l'expo de la Maison Rouge consacrée à l'art Brut. La Maison Rouge, la fondation d'art contemporain du mécène Antoine de Galbert, a l'habitude depuis son ouverture en 2004, d'inviter de grands collectionneurs privées à présenter au public leurs œuvres fétiches. 

Et en ce moment, et ce jusqu'au 18 janvier 2015, c'est au tour de Bruno Decharme, cinéaste français né en 1951, d'exposer son catalogue d’œuvres à savoir : la plus grande collection d'art Brut au monde. 

Pour rappel, l'Art Brut se définit comme toutes créations réalisées par des personnes non professionnelles de l'art, sans aucunes références artistiques ou savoir faire techniques. C'est donc un travail de spontanéité, sans normes et barrières aucunes. 

Bruno Decharme, créateur de l'association abcd (art brut connaissance et diffusion), est passionné par cette forme artistique théorisée par Jean Dubuffet en 1945 dont il possède plus de 3500 œuvres réalisées par plus de 300 artistes. 

La Maison Rouge a sélectionné 400 de ces œuvres (dessins, peintures, sculptures, photographies ou encore assemblages) qu'elle présente dans un parcours thématique. Chaque espace réunit des travaux qui présentent des similarités sur la forme. Un documentaire vidéo permet également de partir à la rencontre de ces artistes autodidactes. 

Et on se rend compte que la plupart sont des personnes fragiles mentalement, internées en asile ou très isolées, qui trouvent à travers l'expression artistique un moyen d'épanouissement et d'équilibre. 

Ceci nous ramène à l'art-thérapie, c'est à dire une méthode médicale visant à exploiter le potentiel d'expression artistique d'une personne à des fins psycho-thérapeutiques. Et je trouve l'idée extraordinaire. 

Ceci est tout d'abord une preuve que l'art est avant tout une pratique avant même d'être une démonstration. Certes l'artiste prend du plaisir a montrer ses œuvres. Mais le réel plaisir, qui est certainement même un besoin physique et psychique, se trouve dans le processus de création et de façonnage de l’œuvre. 

Et puis ensuite, ceci est une preuve que l'art renferme en lui une sorte d'animalité, de bestialité primaire car c'est un mode d'expression qui ne jouit pas de code, qui est l'émanation d'un feeling interne incontrôlable qui se formalise par un objet. 

Et c'est justement là que le bât commence à blesser. Comment concilier l'emballement actuel des marchés financiers pour l'Art Brut alors même que les créateurs n'ont certainement aucune volonté de valorisation financière de leurs travaux ? Sommes-nous face à une sorte d'esclavagisme artistique ?







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