
L'exposition présente plus de soixante-quinze œuvres,
peintures, dessins, collages, objets et assemblages, de cet artiste
français d'origine Haïtienne.
Les œuvres d'Hervé Télémaque
possèdent à leur début une touche prononcée d'abstraction
colorée, sous l'influence de l’expressionnisme abstrait américain.
C'est ma période préférée de Télémaque. On y voit des formes
peintes en couleurs vives, torturées mais tout à fait pures,
gigoter gaiement sur des séries de tableaux.
Cette première étape
laisse ensuite la place à quelques œuvres d'influence surréalistes
où l'objet peint joue de loufoquerie pour désorienter ou
questionner. Et enfin, Hervé Télémaque trouve un rythme de
croisière dans un courant artistique qui marquera l'histoire de
l'art de la deuxième moitié du 20ème siècle : la figuration
narrative.
Ce courant, qui s'incarne dans les œuvres de Télémaque,
pourrait se définir comme le rapprochement sur une même toile entre
l'esthétique figurative et la revendication sociale, pour être plus
clair, c'est un mix entre le style pop art et les thèses gauchistes
de mai 68.
Ce qui est assez désarçonnant dans ce courant c'est que,
comme l'explique Herbert Marcuse (1898 - 1979), philosophe et
sociologue marxiste, « le potentiel subversif d'une œuvre de
Figuration Narrative doit tenir dans sa dimension esthétique bien
davantage que dans son discours politique explicite ». Ceci rend les
œuvres de ce courant extrêmement difficile à déchiffrer car quand
le visiteur débarque, il voit une toile chatoyante sans jamais se
douter qu'il s'agit en fait, par exemple, d'un pamphlet contre
l'hégémonisme de la société de consommation ou comme, par exemple
encore, d'une saillit contre le racisme et les inégalités sociales
!
Hervé Télémaque fera quant à lui du thème de la négritude un
élément central du contenu de son œuvre en expliquant s'être
servi de « son autobiographie de métis haïtien pour structurer son
langage ».
Mais la vraie cohérence que je vois dans le travail
d'Hervé Télémaque, c'est son recours à la métaphore visuelle. En
fait, sur place au Centre Pompidou, quand on se penche un sur les
encarts descriptifs des toiles de Télémaque, on se rend compte que
la quasi totalité sont des réinterprétations d'une œuvre déjà
existante ; une photo d'un tel, un dessin de machin, une peinture
d'un autre, un tableau de bidule etc.... L’œuvre inspiratrice est
la plupart du temps méconnaissable mais elle est pourtant le point
de départ de la création de Télémaque.
Ceci peut nous laisser
penser que le courant de la figuration narrative est en fait une
simple coquille qui ne peut renfermer que de l'existant, un langage
pictural qui ne peut que réécrire mais qui est incapable de donner
vie. Ainsi, dans la veine d'une société où l'apparence tient le
haut du pavé, les œuvres de Télémaque marquent-elles la victoire
du style sur le contenu ?
Plus d'infos : "Hervé Télémaque" - Centre Pompidou (jsq 18 mai 2015)
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