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Joardens, la gloire d'Anvers - LE PETIT PALAIS ☆☆☆☆☆

PRÉSENTATION : L'exposition présente la première rétrospective française consacrée à l'artiste flamand du 17ème siècle, Jacques Jordaens (1593 – 1678). Cent-vingt œuvres (surtout des peintures et quelques esquisses et gravures), en provenance de musées du monde entier et rassemblées pour l'occasion, permettent de découvrir de manière exhaustive toute la démarche créative de Jordaens et l'ensemble des thématiques abordées dans son œuvre (portraits de famille, grandes compositions religieuses, scènes de banquet et de mythologie...).

MON AVIS : Excellent ! Avant tout, les toiles sont excessivement belles et dégagent une puissante émotion. Mais ce qui permet de jouir aussi vivement de ces compositions, c'est l'exceptionnelle scénographie que livre le Petit Palais. Nous sommes introduis directement dans un espace reconstitué. En effet, un décor grandeur nature et un fond musical (de la harpe me semble-t-il) recomposent l'atmosphère de l'époque. Puis une vidéo introductive, accompagnée de grands tableaux de présentation, permettent aux visiteurs de s'imprégner du contexte politique et économique de l'époque de Jordaens. Ces explications, très pédagogiques mais pas débilisantes, évoquent notamment la ville d'Anvers (dans laquelle Jordaens avait installé son atelier) ou encore la relation de l'artiste avec les deux autres maîtres flamands de la période, figures marquantes de l'histoire de l'art, Rubens (1577 – 1640) et Van Dyck (1599 – 1641).

L'exposition met particulièrement bien en avant le rôle du peintre à cette période de l'histoire. L'artiste, Jordaens comme d'autres, est avant tout un vrai artisan et un chef d'entreprise ! En effet, il possède un atelier, qui emploie des apprentis et une équipe de travail, et il doit recruter des clients pour acheter ses œuvres. Il doit donc positionner son travail sur un avantage concurrentiel et adapter son offre à la demande. Ainsi, nous dit l'exposition, comme les concurrents de Jordaens étaient plus côtés que lui dans le portrait, on retrouve peu cette thématique dans son travail. Au contraire, malgré ses positions idéologiques controversés vis à vis de l'Eglise catholique, le coup de pinceau étincelant de l'artiste pour représenter des scènes bibliques suffira à l'institution, en pleine contre-réforme, pour lui commander de nombreux tableaux religieux. Finalement, l'artiste est donc un vrai commercial et un gestionnaire. D'ailleurs, le succès des œuvres de Jordaens, sur son territoire et à travers toute l'Europe, lui valurent d'être un des personnages les plus riches de la ville d'Anvers au 17ème siècle. De plus, le texte nous rappelle que pour réussir avec son propre atelier, le talent ne suffit pas. L'argent, les relations et même les liens de parenté sont bien souvent indispensables. Jordaens, fils de bonne famille, ne dérogera pas à la règle.

La scénographie propose aussi, à coté de chaque tableau, des commentaires qui permettent d'éclaircir la composition en nous révélant factuellement l'histoire des scènes qui s'y déroulent et l'identité des personnages qui les composent. Ces textes n'essaient pas de nous forcer à considérer l’œuvre comme un chef-d’œuvre. Ils nous donnent juste en toute humilité les clefs techniques pour la comprendre. Libre à nous d'en jouir ! Je note aussi, pour conclure, la présence en fin d'exposition d'une grande installation. Celle-ci, montée par le musée et je vous laisse la surprise de découvrir, permet d'aborder différemment, à travers ses cinq sens, l’œuvre de Jordaens. Mention particulière pour le tableau « La pêche miraculeuse » (Cf. ci-dessous) où l'on voit Simon, qui deviendra le futur apôtre Pierre, pécher miraculeusement après l'intervention divine de Jésus Christ.

INFOS PRATIQUES : Jusqu'au 19 janvier 2014 / Petit Palais – Avenue Wilson Churchill 75008 Paris / Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h et nocturne le jeudi jusqu’à 20h / Tarif plein : 11 euros, demi-tarif : 5,5 euros

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