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Ron Mueck - FONDATION CARTIER ☆☆☆☆☆

PRÉSENTATION : L'exposition présente une dizaine de sculptures de l'artiste australien Ron Mueck (né en 1958). Ancien modélisateur de marionnettes pour le cinéma et la télévision puis concepteur de mannequins de vitrine pour la mode, il décide de transformer ses créations professionnelles en œuvres d'art vers la fin des années 90. Ses sculptures, moulées en silicone, représentent des corps humains, habillés ou dénudés, soit dans des actions de la vie de tous les jours, soit dans des situations improbables. Les sculptures reproduisent, avec hyperréalisme et minutie, tous les détails du corps humain en incorporant de légères disproportions dans la taille des membres ou des changements d'échelle par rapport aux dimensions réelles. En fin de parcours d'exposition, un film révèle le processus de création des œuvres.

MON AVIS : Génial ! Le bonheur de cette exposition réside dans le triple effet produit par les œuvres de Ron Mueck. Dans un premier temps, les sculptures impressionnent par leur ultra-réalisme. Les veines translucides traversant les membres, les rides naissantes creusant les parois de la peau, les implantations de poils émergeant des pores des narines, les regards fixes scrutant l'horizon.... tous ces détails sont saisissants !

Dans un second temps, les sculptures troublent par l'atmosphère qu'elles dégagent. En effet, tous les personnages évoquent, à travers leurs postures (recroquevillés sur eux même ou étendus avec nonchalance), leurs physiques (corps vieillissants, squelettiques, palots, flétris ou obèses) ou leurs regards (absorbés dans le vague), un certain malaise. Sans renoncer à avancer, ils semblent toutefois condamnés à un fataliste silence face au poids des choses qu'ils supportent.

Dans un troisième temps, les sculptures déstabilisent par leurs dimensions anormales. C'est pour moi le véritable coup de maître de l'artiste. Cela génère une cohabitation invraisemblable, et génératrice d'émotion, entre représentations ultra-réalistes et inconcevables proportions. Ce mix entre apparence et format chamboule toutes nos impressions et installe une distance entre le spectateur et l’œuvre. On croit reconnaître un de nos semblables mais on ne peut pas s'identifier à lui. C'est un corps étranger perceptible mais intouchable.

Mention particulière pour la sculpture démesurément grande d'un couple de personnes âgées installé sous un parasol (Cf. image ci-dessus). C'est pour moi l’œuvre emblématique de cette exposition. La main de l'homme agrippé au bras de sa femme et le regard insondable de cette dernière, ce geste et cette réaction, produisent une émotion d'une très grande force.

INFOS PRATIQUES : Exposition jusqu'au 27 octobre 2013 / Fondation Cartier pour l'art contemporain - 261, boulevard Raspail, 75014 Paris / Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 21h et nocturne le mardi jusqu’à 22h / Droit d´entrée : 10,50 euros et tarif réduit : 7 euros.

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