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Désirs et Volupté - MUSÉE JACQUEMART-ANDRE ☆☆☆

PRÉSENTATION : L'exposition présente une sélection de toiles produites par des peintres célèbres de l'Angleterre de la Reine Victoria (XIXème siècle). Ces tableaux ont en commun une quête de l'esthétisme. Le sujet principal est la femme. Les thèmes sont tirés des mythes de l'antiquité. Les techniques picturales sont académiques. Les œuvres présentées appartiennent toutes à un collectionneur privé, Pérez Simon.

MON AVIS : Très belle expo ! Une exposition au Musée Jacquemart-André part toujours avec un avantage de taille. En effet, l'intérieur de cette ancienne demeure particulière de grand bourgeois, située bld Haussmann, est sublime. Ainsi, exposer des peintures qui prônent le culte de la beauté dans un lieu aussi magnifique a tout son son sens.

Un petit film diffusé sur grand écran à l'entrée de l'exposition pose avec précision et pédagogie le contexte de création de ces œuvres et attise notre curiosité. On découvre que pendant que le pays s'industrialise sous le règne de la Reine Victoria (1837-1901), les grands bourgeois qui s'enrichissent, certainement las de la panoplie visuelle de l'industrialisation (charbon, machine, bruit, saleté, monde d'homme...), commandent massivement des tableaux qui évoquent la beauté, la nature, la pureté et la femme. Paradoxal mais tout à fait compréhensible : alors que le monde s'enlaidit, les gens qui en ont les moins tentent de s'échapper à travers les peintures de toute beauté que leur confectionnent les peintres de l'époque.

La découverte de ces tableaux vaut en effet vraiment le détour. Nos yeux se posent avec délectation sur les détails de chaque peinture. Toutefois, le succès de l'exposition génère un trop plein de monde qui perturbe une visite sereine. De plus, une connaissance des mythes de l'antiquité, qui hélas ne m'habite pas encore, est incontestablement un plus, si ce n'est une nécessité, pour vraiment se laisser aller à une contemplation éclairée. L'absence de connaissance des mythes grecques ou romains laissent toujours un goût de frustration face à une toile nommée, par exemple, les «Les roses d'Heliogabale» peint en 1988 par Lawrence Alma-Tadema (Cf. ci-dessus). Cette dernière prend une envergure toute particulière quand on sait que Héliogabale, représenté en haut à gauche, affalé sur son banc, regarde avec jouissance perverse ses courtisans en train d'agoniser à ses pieds sous une pluie de rose dont il est lui-même le responsable. Cette œuvre montre que la beauté, derrière son attraction primaire, peut aussi être nuisible et méchante. Comment ne pas s'émouvoir et s'indigner (paradoxe de nouveau) face un génocide si esthétique ?

INFOS PRATIQUES : Jusqu'au 20 janvier 2014 / Musée Jacquemart-André – 158, boulevard Haussmann, 75008 Paris / Ouvert tous les jours de 10h à 18h avec nocturne jusqu'à 20h30 les lundis et samedis / Droit d'entrée : 11 euros, tarif réduit : 9,5 euros.

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