
Emile Bernard est au
côté de Louis Anquetin lors de l'invention théorique du
cloisonnisme, technique picturale où les aplats de couleurs du
tableau sont séparés par un trait noir plus foncé.
Il marque
ensuite l'histoire de l'art en fondant aux côté de Paul Gauguin
l'école de Pont-Aven, village du Finistère. Ceci donne la
conceptualisation d'un courant artistique novateur : le synthétisme.
Un courant post-impressioniste à la croisée du symbolisme et du
cloisonnisme, où les peintures présentent des formes simplifiées
des objets dessinés avec une gamme de couleur restreinte et
primaire, rouge, vert, bleu.
Les séries de toiles synthétiques
d'Emile Bernard sont formidables ! Mais elles n'ont qu'un temps puis
qu’après une brouille avec Paul Gauguin, il décide de quitter la
France pour s'installer en Égypte où il se consacre à des toiles
orientalistes. De retour en France, il quitte pour de bon l'avant
garde picturale de ses débuts pour un retour au classicisme.
Je
trouve qu'il est très captivant de s'intéresser au processus qui a
conduit Emile Bernard à la fin de sa vie à se retourner vers les
fondamentaux de la tradition artistique classique. A mon avis, cela
traduit la difficulté pour un artiste de conserver l'innovation
dans son processus créatif face à la pression sociale et
culturelle.
Être avant-gardiste c'est créer quelque chose de
nouveau qui bouscule et dérange. Et il faut avoir la force mentale
et même physique d'assumer cette nouveauté qui peut déstabiliser
les conceptions traditionnelles. En atteste récemment la sculpture
monumentale en forme de godemichet du plasticien américain Paul
McCarthy, exposée Place Vendôme lors de la FIAC 2014 qui a été
vandalisée et qui a valu à l'artiste une petite agression physique.
Maintenant la question reste entière je vous l'accorde : quelle
différence entre l'avant-garde audacieuse et la création
pernicieuse ?
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