
L'exposition présente soixante-dix toiles grands
formats ainsi que quelques sculptures et gravures, révélant la face
obscure de la Rome fastueuse de l'âge baroque du 17ème siècle.
L'exposition part d'un constat remarquable : la Rome de cette époque,
sous l'égide triomphale du pouvoir papal, n'est représenté dans
les expositions qui lui ont été consacrée que sous un angle
favorable et bienveillant où luxe et splendeur tenaient le devant de
la scène.
Et le Petit Palais s'oppose à cette image d'Épinal en
expliquant clairement que «la fresque se doit d'être plus
complexe». Ainsi, pour la première fois, c'est l'envers du décor
de cette Rome splendide qui sera en haut de l'affiche. Fini les
strass et les paillettes de l'élite et place à la grossièreté et
aux excès du peuple : les mendiants, les buveurs, les tricheurs, les
courtisanes et les diseuses de bonne aventure jouent les premiers
rôles de cette exposition.
Alcools, sexe, violence et croyances
hérétiques : on a vraiment l'impression de découvrir le sommaire
d'Enquête Exclusive ! Bernard de la Villardière est peut être même
d'ailleurs le commissaire secret de cette exposition !
Mais
malheureusement, le Petit Palais ne m'est pas apparu à la hauteur de
son racolage médiatique. Pourtant, je suis passionné par la
représentation artistique vicieuse du vice. Les œuvres qui mettent
à nue le côté malsain de l'être humain, que je considère la
plupart du temps comme la simple illustration du penchant bestial
naturel et instinctif de l'Homme, sont succulentes: elles sont
souvent extrêmement crues, puissantes, dégénérées, poignantes,
troublantes, dégoûtantes enfin dans tous les cas, elles appellent à
une réaction émotionnelle forte : l'indignation, la colère,
l'extase ou la jouissance refoulée. Elles ne laissent pas
indifférentes. Et puis souvent aussi, elles nous ramènent à ce que
nous semblons être : de dégueulasses primates surdoués !
Malheureusement, les œuvres présentées au Petit Palais, malgré
toutes leurs qualités esthétiques et techniques indéniables, ne
portent pas cette sauvagerie. Si ce n'est la « Scène de sorcellerie
» de Salvador Rosa qui représente de manière crue et rude la
pendaison d'une diseuse de bonne aventure.
Toutefois, l'exposition du
Petit Palais se démarque par une scénographie paradoxale
remarquable puisqu'elle contextualise le visiteur dans une antre
splendide pour lui montrer des toiles obscures. A noter également le
troublant jeu de miroir de la dernière salle d'exposition qui
déboussole les badauds.
En conclusion, cette exposition sur les
bas-fonds de la Rome du 17ème siècle me pousse à me demander ce
que l'histoire retiendra du Paris des années 2000 si une exposition
lui était consacré : peut-être constaterait-on en fait que le
monde n'a pas tant changé et que l'Homme, malgré ses apparats
technologiques, reste ce bon vieux vicieux à la recherche du sens de
son existence....
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