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Sexe, drogue et violence : enquête exclusive dans les bas-fonds de la Rome du 17è siècle !

J'ai visité pour vous l'exposition « Les Bas-Fonds du Baroque, la Rome du vice et de la misère » qui se tient au Petit Palais jusqu'au 24 mai prochain. 

L'exposition présente soixante-dix toiles grands formats ainsi que quelques sculptures et gravures, révélant la face obscure de la Rome fastueuse de l'âge baroque du 17ème siècle. 

L'exposition part d'un constat remarquable : la Rome de cette époque, sous l'égide triomphale du pouvoir papal, n'est représenté dans les expositions qui lui ont été consacrée que sous un angle favorable et bienveillant où luxe et splendeur tenaient le devant de la scène. 

Et le Petit Palais s'oppose à cette image d'Épinal en expliquant clairement que «la fresque se doit d'être plus complexe». Ainsi, pour la première fois, c'est l'envers du décor de cette Rome splendide qui sera en haut de l'affiche. Fini les strass et les paillettes de l'élite et place à la grossièreté et aux excès du peuple : les mendiants, les buveurs, les tricheurs, les courtisanes et les diseuses de bonne aventure jouent les premiers rôles de cette exposition. 

Alcools, sexe, violence et croyances hérétiques : on a vraiment l'impression de découvrir le sommaire d'Enquête Exclusive ! Bernard de la Villardière est peut être même d'ailleurs le commissaire secret de cette exposition ! 

Mais malheureusement, le Petit Palais ne m'est pas apparu à la hauteur de son racolage médiatique. Pourtant, je suis passionné par la représentation artistique vicieuse du vice. Les œuvres qui mettent à nue le côté malsain de l'être humain, que je considère la plupart du temps comme la simple illustration du penchant bestial naturel et instinctif de l'Homme, sont succulentes: elles sont souvent extrêmement crues, puissantes, dégénérées, poignantes, troublantes, dégoûtantes enfin dans tous les cas, elles appellent à une réaction émotionnelle forte : l'indignation, la colère, l'extase ou la jouissance refoulée. Elles ne laissent pas indifférentes. Et puis souvent aussi, elles nous ramènent à ce que nous semblons être : de dégueulasses primates surdoués ! 

Malheureusement, les œuvres présentées au Petit Palais, malgré toutes leurs qualités esthétiques et techniques indéniables, ne portent pas cette sauvagerie. Si ce n'est la « Scène de sorcellerie » de Salvador Rosa qui représente de manière crue et rude la pendaison d'une diseuse de bonne aventure. 

Toutefois, l'exposition du Petit Palais se démarque par une scénographie paradoxale remarquable puisqu'elle contextualise le visiteur dans une antre splendide pour lui montrer des toiles obscures. A noter également le troublant jeu de miroir de la dernière salle d'exposition qui déboussole les badauds. 

En conclusion, cette exposition sur les bas-fonds de la Rome du 17ème siècle me pousse à me demander ce que l'histoire retiendra du Paris des années 2000 si une exposition lui était consacré : peut-être constaterait-on en fait que le monde n'a pas tant changé et que l'Homme, malgré ses apparats technologiques, reste ce bon vieux vicieux à la recherche du sens de son existence.... 








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