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Le porno chic est-il divin?

J'ai visité pour vous l'exposition « Terry Richardson, le sacré et le profane » qui se tient à la Galerie Emmanuel Perrotin jusqu'au 11 avril prochain. 

Terry Richardson est un photographe New-Yorkais considéré comme un ponte de la scène underground new-yorkaise des années 90 et perçu comme un des précurseurs du porno chic dans la Mode. 

Le porno chic dans la Mode c'est l'usage assumé des codes de la pornographie dans des séries photographiques publicitaires pour des marques de prêt-à-porter, le porno chic, c'est même des actrices de porno qui prête leur image à des grandes marques de prêt-à-porter, c'est en quelque sorte le côté obscur de la force qui se donne une noblesse créative et artistique.
Et c'est justement avec des clichés de nus cocasses et des gros plans explicites que Terry Richardson va marquer de son empreinte sa profession. Cette sensibilité brute pour la sexualité il l'exprime totalement dans sa nouvelle exposition à la Galerie Emmanuel Perrotin. 

Dans cette exposition, Terry Richardson, part à la conquête de l'ouest américain et nous relate en photo son parcours semé d'indices évoquant la paradoxale cohabitation du sacré et du profane, il veut bien sûr parler de la cohabitation sur un même territoire de la religion et du sexe. Les tentations de l'industrie du X, incarnées par la présence de sex shops, de loueurs de vidéos porno, de clubs de strip-tease, sont jumelés à l'omniprésence du mystique à travers des affiches, des sermons ou des panneaux publicitaires... 

Voici un extrait de l'excellent dossier de presse de cette exposition où Terry Richardson détaille ses observations en disant que : « D’une part, on a l’impression d’être cernés par le sexe, alors que de l’autre, la promesse du Salut, de l’amour de Jésus et de la crainte de Dieu ne sont jamais bien loin. Rapidement – dit-il - je me suis intéressé à la relation complexe entre les désirs et les peurs, l’espoir que la religion peut engendrer, et la honte aussi ». 

Il poursuit en expliquant que « vous pouvez acheter votre vidéo porno ou vous payer un lap dance, mais pas sans subir la désapprobation silencieuse d’un gigantesque Jésus gardant l’œil sur vous car installé sur les panneaux d’affichage près des sites de transgression ». 

Terry Richardson détaille en quelques mots l'histoire de l'extrême puritanisme de la société américaine, qui fait de ce pays un lieu obsédé par le péché et qui a généré par sa peur hystérique de la sexualité un développement convulsif de l'industrie du porno. 

Et c'est enfin qu'il conclut brillamment en disant que malgré tout et « depuis toujours, péché et sainteté dépendent l’un de l’autre pour survivre - même si on préfère pourtant penser qu’il s’agit de deux opposés, le mal VS bien - et que non seulement péché et sainteté ne peuvent pas exister l’un sans l’autre, mais la plupart du temps, il y a un peu de l’un dans l’autre. Très souvent – dit-il - nous croyons que le spectre qui sépare deux opposés est linéaire, l’extrême gauche étant aussi éloignée que possible de l’extrême droite, alors que pour vraiment comprendre ces différences, nous devons repenser ce spectre en forme de U, où chaque extrême partage plus de points communs avec l’autre qu’avec le centre. ». A méditer en ses périodes tendues d'extrémisme ostentatoire..... 






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