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Ma cantine en ville - CITE DE L'ARCHITECTURE & DU PATRIMOINE ☆☆☆

PRÉSENTATION : L’exposition présente des projets architecturaux (prototypes et maquettes) créés par des étudiants en écoles françaises d’architecture, de design, d’art, d’ingénieur et de paysage dans le cadre d’un concours organisé par la Cité de l’architecture et du patrimoine. Le thème de ce concours, intitulé « Mini maousse 5 », était « la petite restauration de rue ». Les étudiants étaient invités à concevoir un dispositif capable de répondre à la préparation des aliments, à leur distribution et à leur consommation dans l’espace public. L’objectif, pour reprendre les propos de la Cité de l’architecture et du patrimoine, était « de sensibiliser les étudiants à un double enjeu planétaire : celui de l’alimentation et celui de l’espace public. Comment nourrir et se nourrir dans la densité et l’extension infinie de nos villes et comment faire que ces moments soient facteurs de sociabilité ? ».

AVIS : Intéressant et dépaysant ! C’est une scénographie exotique qui accueille le visiteur. En effet, les projets architecturaux - objets hybrides, mobiles et accueillants - sont dispersés dans un grand espace aux murs desquels sont affichées de volumineuses photos de cantines africaines ou asiatiques (le mot cantine est à entendre dans sa signification historique, celle « d’un meuble conçu pour le transport de vivre »). De plus, une ambiance sonore de souk de rue en pleine effervescence enveloppe le parcours.

Le parti pris est de recréer l’atmosphère d’un espace public vivant. On retrouve d’ailleurs, dans la démarche de la Cité de l’architecture et du patrimoine, la mélancolie du temps révolu où la rue, en France, et plus largement dans les pays occidentaux je pense, vibrait aux couleurs de ses occupants. Une époque où le quotidien se faisait dehors.

L’exposition s’interroge sur (ou déplore ?) la disparition de la société où « l’espace public est vécu » au profit de la société où « l’espace public est traversé ». Une rue qui ne sert que de passage n’est-elle pas le symptôme d’une société dont les membres se renferment sur leurs territoires privés ? Le partage d’un quotidien sur des bancs publics non générateur de valeur commerciale n’est-il pas nécessaire à la cohésion nationale et au bien vivre ensemble ? Ainsi, conserver le folklore d'un espace public s'avère un véritable défi pour le développement d'un pays. Avec « Ma cantine en ville » nous découvrons comment la mini-architecture alimentaire peut intervenir dans la création du lien social. Les initiatives concrètes qui émanent de cette idéologie, tel que les « gourmet food trucks parisiens » (Ex Le camion qui fume) et le mouvement « Street food » lancé par Thierry Marx, seront-ils durablement porteurs de la sociabilité gustative dans l'espace public ?

INFOS PRATIQUES : « Ma cantine en ville, voyage au cœur de la cuisine de rue » - Cité de l’architecture et du patrimoine – 5 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris – Tlj sauf mardi de 11h à 19h avec nocturne jusqu’à 21h le jeudi et vendredi - Plein tarif : 5 € / Tarif réduit : 3 € - jusqu’au 2 décembre 2013
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1925, Quand l'Art Déco séduit le monde – CITE DE L’ARCHITECTURE & DU PATRIMOINE ☆☆☆☆☆


PRÉSENTATION : L’exposition revient sur l’histoire du style Art Déco (1919-1940), esthétique aux motifs floraux et antiques mettant en avant les formes géométriques, pures et dynamiques. Cette rétrospective aborde en détails les étapes qui ont marqué la naissance du mouvement, son expansion mondiale ainsi que sa consécration artistique et commerciale. L’exposition s’arrête notamment sur l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris en 1925 et qui représente l’apogée du style Art Déco. 

AVIS : Riche et passionnant ! Cette exposition, à portée didactique, offre aux visiteurs novices, curieux ou passionnés, un superbe voyage à travers un style qui a marqué l’esthétique d’une époque. De manière pédagogique et captivante, en utilisant une grande variété de supports (vidéos, peintures, mobiliers, photos, maquettes…), elle nous entraine dans une grande épopée. C’est un livre ouvert, une manière alternative et interactive d’aborder l’Histoire.

En quittant « la Belle Époque », marquée par l’exubérance du style Art Nouveau (1890-1914), nous entrons dans « Les Années Folles » de l’entre-deux guerres où l’industrie moderne luxueuse se développe à travers le style Art Déco. Nous découvrons que ce-dernier est né de l’impulsion de créateurs français architectes (Henri Sauvage…), décorateurs (André Véra…), couturiers (Paul Poiret…) ou sculpteurs (François Pompon). Le style Art Déco est le fruit d’une vision d’ensemble émanant de champs artistiques et de disciplines variés, ce que l’histoire qualifiera « d’Art Total », qui ira même jusqu’à influencer l’automobile et l’aviation. C’est le développement de la cité pour loger vite et pas cher en masse (Le Corbusier) et la logique du consommable (matières premières moins pérennes) qui supplanteront les créations de style Art Déco au sortir de la seconde Guerre Mondiale. Mais aujourd’hui encore, des façades d’immeubles mythiques de la capitale portent les marques de l’Art Déco (Le théâtre des Champs-Élysées, Le Grand Rex, La Samaritaine…).
 
Dans ce type d’exposition, il est toujours intéressant d’observer comment « les gens » qui racontent l’histoire ont compartimenté les évènements. Comment et quoi sélectionner pour garder l’essence d’une époque et la retranscrire aux futures générations de manière authentique et intelligible ? Cette exposition a le mérite de conserver un regard ouvert sur la complexité de ces « Années Folles », période certes propice à l’innovation mais durant laquelle une guerre se digère et une autre se prépare. Le récit ne se veut pas catégorique et égocentrique. Il y a une volonté de mettre en avant les éléments extérieurs qui ont traversé ce courant artistique qui a su unir des créateurs du monde entier. 

INFOS PRATIQUES : « 1925, quand l’Art Déco séduit le monde » - Cité de l’architecture et du patrimoine – 5 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris – Tlj sauf mardi de 11h à 19h avec nocturne jusqu’à 21h le jeudi et vendredi - Plein tarif : 9 € / Tarif réduit : 6 € - jusqu’au 3 mars 2014
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Joan Fontcuberta Camouflages - MAISON EUROPENNE DE LA PHOTOGRAPHIE ☆☆


PRÉSENTATION : L’exposition présente l’œuvre du photographe contemporain catalan Joan Fontcuberta (1955). Le parcours s’articule autour de dix séries de photographies basées chacune sur l’idée de camouflage : camouflage de l’auteur, camouflage de la photographie, camouflage de la réalité, camouflage de la vérité…

AVIS : Belle promesse mais déception! Et c’est en travaillant mon article que ma déconvenue se fait encore plus grande. En effet, en me renseignant sur l’artiste, son travail et le but de ses œuvres, je me rends compte que je suis passé complétement à côté de l’exposition. A qui la faute ? Ceci pose le débat de l’approche d’une exposition. En effet, en arrivant à l’exposition les mains dans les poches et en ne pouvant grappiller suffisamment d’information sur la démarche de l’artiste au cours de l’exposition, je me suis retrouvé à bâcler ma découverte. Est-ce au visiteur de se renseigner au préalable de sa visite sur l’univers de l’artiste exposé ? Ou bien est-ce au musée de mettre tout en œuvre pour introduire le travail de l’artiste et rendre accessible et intelligible ses œuvres ?

Quoi qu’il en soit, dans le cas de « Camouflages », je vous encourage vivement à vous imprégner du travail de l’artiste avant votre visite. Ne comptez pas sur la Maison de la Photographie pour un coup de main. Leur introduction est superbe mais complétement déconnectée de la réalité du parcours qui suit. La métaphysique des commentaires et l’affichage du circuit sont, à mon goût, défaillants. En camouflant l’information, doit-on voir la volonté du musée de perdre le visiteur pour le plonger encore plus dans la thématique de l’exposition ? Ou bien doit-on constater un manque de rigueur dans la préparation du parcours ? Je penche, vous l’avez compris, pour la deuxième solution !  

La conséquence : on traverse avec désolation l’exposition en ne percevant pas toute la valeur de la variété, je dirai même de l’incohérence, du travail de Joan Fontcuberta. Pourtant le concept fondateur de son œuvre (insérer l’insolite dans le vraisemblable) et sa démarche (créer des expositions dans l’exposition) valent le détour ! Enfin, à mon avis, ne cherchons pas de valeur esthétique dans ce travail mais plutôt de la matière à réflexion sur l’élasticité des évènements et choses qui nous entourent.

INFOS PRATIQUES : « Joan Fontcuberta, Camouflages » - Maison Européenne de la Photographie – 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris – Du mercredi au dimanche de 11h à 19h45 - Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 4.50 € - jusqu’au 16 mars 2014
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Decorum - MAM ☆☆☆☆☆


PRÉSENTATION : L’exposition met en lumière l’art textile en présentant plus d’une centaine de tapis et de tapisseries signés par des personnalités majeures du monde de l’art moderne (Fernand Léger, Pablo Picasso, Le Corbusier) et contemporain (Dewar & Gicquel, Vidya Gastaldon). De plus, Decorum permet de découvrir les œuvres tissées, souvent insoupçonnées, d’artistes méconnus (Guidette Carbonell). Des pièces anonymes de différentes époques et régions sont également exposées.

AVIS : Génial! Cette exposition offre au visiteur un regard passionné sur l’art textile avec une mise en scène remarquable et une approche instructive. De plus, c’est avec pédagogie que l’exposition, comme le souhaite le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, « va à l’encontre des idées reçues présentant la tapisserie comme un art mineur ou anachronique ». On y découvre ainsi une partie de l’immense richesse générée par la création textile. Une richesse esthétique, conceptuelle et historique.

Je pense pouvoir affirmer que le tapis n’est pas vraiment considéré comme un immense objet d’art par le grand public. Moi le premier, je ne concevais dans sa raison d’être qu’un usage fonctionnel et si possible décoratif. J’ai pourtant découvert au cours de cette exposition que la tapisserie a fait l’objet de nombreuses recherches artistiques au cours de l’histoire. De la tapisserie classique aux créations contemporaines, un immense écart sépare les œuvres dans les techniques et les matériaux. L’exposition met bien en évidence cette évolution de son aspect physique. On voit au fur et à mesure de la visite le tapis changer d’aspect. Il quitte peu à peu le sol pour prendre son indépendance des formes classiques que lui impose le diktat du fonctionnel. Il se lève pour devenir un objet d’art à part entière aux formes inattendues et volumiques. Le tissage numérique fait même son apparition à la fin de l’exposition ! De plus, il peut aussi être porteur de revendications sociales, politiques ou idéologiques. On découvre par exemple des tapisseries féministes datant des années 60.
 
L’ambiance de l’exposition est extraordinaire. La scénographie quitte le mur et envahit l’espace. Le visiteur, immergé dans un environnement visuel et tactile superbe, est aussi bercé par une « musique d’ameublement » diffusée en fond sonore dans les salles de l’exposition. Remarquable !

INFOS PRATIQUES : « Decorum » - MAM - 11 Avenue du Président Wilson, 75016 Paris - Tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi et nocturnes jusqu’à 22h le jeudi - Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 6/4 € - jusqu’au 9 février 2014
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