
AVIS :
Instructif, succulent mais bondé ! J’aime la problématique
de l’exposition. S’interroger sur la représentation de ce que
l’on ne voit pas, de l’irreprésentable, de ce qui ne fait que
nous traverser l'esprit, de ce que l'on s'imagine et qui peut nous
apparaître. Pourquoi l’associer à la période de la Renaissance ?
Est-ce une période si fertile que ça en représentation de
l'onirique ? L’introduction de l’exposition semble nous
expliquer que oui : « La Renaissance a conféré aux
songes une importance extraordinaire ». Bizarre, me
semble-t-il, à une époque où la science et les techniques se
développent, dit-on, de manière considérable. Et puis soudain tout
devient clair. Les toiles présentées jouissent toutes d'une
figuration très pointue et de thèmes orthodoxes. Ainsi, ces
peintures répondent toutes à des codes classiques. Nous ne sommes
pas dans un parcours sensationnel où la représentation d'un rêve
pourrait être inspirée par un instinct fougueux (toiles abstraites)
ou part une vision inédite du monde (surréalisme). Nous nous
trouvons en face de travaux cartésiens et scientifiquement codés,
aux traits et détails ultra figuratifs, en face de toiles
narratives, aux dimensions artisanales. De grandes œuvres qui nous
plongent dans des allégories ou métaphores issues du langage
mythique ou biblique. Une série d’œuvres déroge à la règle de
la rationalité. Ce sont les tableaux cauchemardesques de Jérôme
Bosch et de ses acolytes, à qui l'histoire n'a pu trouver de sens si
ce n'est celui de la représentation personnelle des vices de
l'humanité.
Cette exposition est un intense plaisir visuel, contemplatif et émotionnel. C'est de plus, une riche déambulation dans des espaces étroits et tamisés. Les annotations sur les pancartes accolées auprès de chaque peinture, offrent un descriptif factuel de chaque toile, sans ébahissement niais, permettant une lecture intéressante de toutes les œuvres. Par contre, le succès de l'exposition et la physionomie du parcours rentrent en confrontation directe et peuvent créer de multiples ralentissements successifs, gênant la constante jouissance des toiles. Et ainsi se conclue l'exposition : « Il n'est pas certain que le réveil nous éveille : il se peut que la vie entière soit un songe et que nous soyons fait de la même étoffe que les rêves ».
INFOS
PRATIQUES : jusqu’au 26 janvier
2014 / Musée du Luxembourg – 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris /
tlj de 10h à 19h30, nocturne jusqu’à 22h les lundis et vendredis
/ Plein tarif : 11€, tarif réduit : 7.50€
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