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Félix Vallotton - GRAND PALAIS ☆☆☆

PRÉSENTATION : L’exposition présente une rétrospective du peintre, graveur et illustrateur franco-suisse Félix Vallotton (1868-1925). Il se fait un nom dans l’avant-garde parisienne de la fin du 19ème siècle. Bien qu’il s’impose comme un artiste indépendant de toute idéologie artistique, sa proximité avec le groupe des Nabis, mouvement postimpressioniste de l’époque (Paul Sérusier, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, Maurice Denis…) est un élément marquant de son parcours public.  
AVIS : Tout à fait agréable. Personnellement, je découvrais Félix Vallotton, artiste dont je n’avais encore jamais entendu parler. L’exposition révèle avec engouement l’évolution de son travail créatif à travers un parcours chronologique et thématique. On découvre un homme ouvert à de nombreuses formes d’expression (gravure, illustration, peinture et même littérature et critique d’art) et thèmes (paysage, nu, portrait…). Ses peintures se distinguent par des aplats de couleurs larges et clairs mais je ne vois pas plus d’unicité dans ses tableaux. J’y vois un goût de la découverte avec une attention portée à la figuration qu’elle soit expressive ou réaliste. Ainsi, certaines toiles se révèlent puissantes et très enthousiasmantes tandis que d’autres me paraissent plus fades et ennuyeuses. Ma visite de l’exposition a donc été marquée par ces écarts d’émotion. Une mention très particulière pour sa série des réinterprétations des mythes antiques qui livrent des toiles grands formats originales, éclairés, touchantes et fortes. Toutefois, la scénographie très classique, plutôt froide et peu aventureuse, n’est pas des plus palpitantes.

INFOS PRATIQUES : Jusqu’au 20 janvier 2014 – Grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris – Tlj de 10h à 20h – Tarif plein : 12€ / Tarif réduit : 8 €
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Enki Bilal Mécanhumanimal - MUSEE DES ARTS ET METIERS ☆



PRÉSENTATION : L’exposition présente une rétrospective du créateur multimédia, réalisateur ainsi que scénariste et dessinateur de bande dessinée, Enki Bilal (né en 1951). De plus, à côtés des planches, dessins et toiles de l’artiste, une collection d’objets scientifiques étonnants et improbables, sélectionnés par Enki Bilal et issus des collections du Musée des Arts et Métiers, est présentée dans le parcours de l’exposition. 

AVIS : Quelle déception… Je ne suis pas un lecteur de bande dessinée, ma faible connaissance de la discipline et des œuvres d’Enki Bilal est un constat. Je comptais profiter de cette exposition pour générer une envie, celle de découvrir l’univers tant acclamé du dessinateur français d’origine Serbe (notamment vainqueur d’un Grand Prix au Salon international de la bande dessinée d'Angoulême). Il n’en a pas été le cas. J’ai vécu un moment de vide total pendant toute la durée de l’exposition. Celle-ci m’est apparue complétement désordonnée, vide de sens et non aboutie. 

Je pense tout simplement que c’est une exposition pour les vrais amateurs du dessinateur. Il me semble que ceux qui, comme moi, ne connaissent pas son travail ne peuvent que rester perplexe face au parcours proposé. En effet, on ne trouve aucune mise en contexte, aucune information relative aux réflexions esthétiques et idéologiques de l’artiste qui pourraient mettre en lumière un travail auquel nous n’avons pas été confronté au préalable. Certaines expositions sont faîtes pour le choc sans préparation, elle s’adresse à l’instinct primaire du visiteur. D’autres ne se savourent qu’après avoir murement gouté au préalable aux créations de l’artiste. C’est le cas de celle-ci, je ne suis donc pas le public visé : voici la seule explication que je trouve.
 
Pourtant, le titre intriguant de l'exposition, Mécahumanimal, présente une interrogation captivante sur la proximité entre l’homme, l’animal et la mécanique. Les thèmes de l’artiste qui s’y rapportent « la machine », « les conflits » et « la planète » promettent de superbes réflexions. Cependant, rien de tout cela m’est apparu. La démarcation des thématiques est illisible, les effets d’ambiance ambitieux, disposés de manière incompréhensible, tombent à l’eau, et on ne devine à aucun moment l’évolution esthétique du travail de l’artiste. Les planches extraites de ses bandes dessinées, déracinées du récit d'origine pour être agrandis et exposés, me semblent laissées à l'abandon sur un bout de mur. Dommage… 

INFOS PRATIQUES : Jusqu’au 5 janvier 2014 - Musée des arts et métiers, 60 rue Réaumur 75003 Paris - Du mardi au dimanche 10h-18h et nocturne le jeudi jusqu’à 21h30 -  Plein tarif : 5,50 € / Tarif réduit : 3,50 €
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Pierre Huyghe - CENTRE POMPIDOU ☆☆☆☆☆

PRÉSENTATION : L’exposition présente à la galerie sud du Centre Pompidou une rétrospective de plus d’une cinquantaine d’œuvres du vidéaste et plasticien contemporain français Pierre Huyghe.

AVIS : Excellent ! Voici une vraie baffe artistique et intellectuelle. Toutefois, en rentrant dans la galerie sud, je me suis tout d’abord senti sceptique. Les premières œuvres qui se présentent aux visiteurs, sculptures minérales, ne m’ont que peu inspirées. J’avoue mon appréhension des faces-à-faces avec des œuvres sans vie qui, portant peut être une vision du monde à méditer, ne génèrent pas en moi d’émotions et me laissent un goût insipide. Mais soudain, changement absolu de sentiment, je me rends compte que je suis rentré dans un univers incroyable, qui peu à peu m’imprègne et me paraît à chaque instant plus extraordinaire.

Je dis un univers car toutes les œuvres m'apparaissent liées entre elles. Dans cette galerie, on croise un melting-pot de sculptures, de vidéos, de bruits, de performances, d'ambiances…. Que de choses étonnantes, voire extravagantes, qui s’enchaînent et s’entremêlent pour nous désarçonner ou nous interpeller. Je ne peux pas, et ne souhaite pas, vous révéler toutes les surprises qui surgissent au cours de cette visite - difficile de décrire l'aspect physique ou esthétique de ce tout - mais je pense pouvoir conseiller sans scrupules : foncez voire cette expo, prenez le temps de surmonter la première impression déstabilisante et savourez ! Soyez attentif et mobile, laissez-vous guider par l'atmosphère, vous verrez apparaître des têtes d’aigle, une patineuse artistique, des abeilles en liberté…. C’est une exposition qui n’a pas de sens. Elle se visite au feeling. C’est une chemin à réaction : un bruit retentit à droite, on y fonce, une lumière déchire l’espace à gauche, on y court.

Le monde qui nous apparaît résiste à la raison, nous bouscule, nous fait réfléchir, ne nous propose pas de vision du monde, en tout cas me semble-t-il. Cependant, il nous pousse à dépasser les notions de bien et de mal, de blanc et de noir, il nous pousse à dépasser la conception classique de toute chose, nous encourage à nous perdre dans une fiction solidaire. Car c’est aussi une aventure humaine. En effet, interloqués, tous les visiteurs se regardent avec des grands yeux écarquillés et émerveillés, on court ensemble d’un bout à l’autre des endroits en étant à chaque fois hallucinés. On devient complice de cette mascarade et chacun d’entre nous développe avec l’autre un lien particulier, tout le monde est conscient de vivre un moment inédit. Et d’ailleurs tout est fait pour créer ce lien. En effet, à l’accueil, un jeune type demande son nom à chaque visiteur et le crie bien fort à l'audience pour annoncer les nouveaux venus dans la galaxie Pierre Huyghe !

INFOS PRATIQUES : Jusqu'au 6 janvier 2014 / Centre Pompidou – Place Georges Pompidou, 75004 Paris / Ouvert tous les jours sauf mardi de 11h à 23h / Droit d´entrée : 13 ou 11 euros. Tarif réduit : 10 ou 9 euros.
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Eva Jospin - GALERIE DES GOBELINS ☆☆☆☆

PRÉSENTATION & AVIS : En parallèle de l’exposition « Eloge de la Verdure », la galerie des Gobelins accueille dans son salon carré une œuvre monumentale (7 mètres de long sur 3.50 mètres de haut) d’Eva Jospin (fille de Lionel) : une forêt artificielle en carton. Minutieusement, des bouts de carton sont empilés et juxtaposés pour donner forme à une dense et profonde forêt. Positionnée devant la sculpture, à l’orée du bois, dans une salle bercée par un éclairage lunaire, l’œuvre inspire une réaction de curiosité enfantine de rêve et de peur. Captivante, elle tétanise et égare. Cette œuvre propose un contrepoint esthétique et métaphysique à l’exposition principale. Il ne s’agit plus, comme l’explique la galerie, « d’une œuvre décorative (Cf. article ci-dessous), mais d’une sculpture dont le matériau fragile, le carton, est assimilable à de l’éphémère ». 

INFOS PRATIQUES : Jusqu’au 19 janvier 2014 – Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins 75013 Paris – Du mardi au dimanche de 11h à 18h – Tarif plein : 6 euros, Tarif réduit : 4 euros.
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Eloge de la nature - GALERIE DES GOBELINS ☆☆☆☆

PRÉSENTATION : L’exposition présente une sélection de tapisseries, datant du moyen-âge à aujourd’hui dont la thématique centrale est la représentation de la nature. Ces tapisseries sont principalement tissées en laine ainsi qu’en soie, lin, dentelle et coton. Elles sont exposées, comme un tableau, sur les murs de la galerie. Elles deviennent donc des œuvres d’art à part entière, s’affichant au niveau de nos yeux pour être contemplées. Le parcours ne se veut pas chronologique. Les œuvres sont entremêlées pour former un parcours esthétique intemporel et interactif. 

AVIS : Superbe ! Cette exposition est un véritable plaisir. C’est une invitation à la promenade où on circule avec curiosité et contemplation. Mais, pour être honnête, je dois tout de même vous avouer ma surprise. Je me rendais très sceptique à cette exposition, ne concevant pas comment la tapisserie pouvait être érigée au statut d’œuvre d’art. Quelle bêtise ! Je ressors enjoué par cette découverte, imaginant même toutes les tapisseries que je pourrais installer dans ma maison idéale. Mais, plus qu’une décoration ou un plaisir esthétique, la tapisserie c’est également, sous nos pieds ou intégrée dans du mobilier, un tas d’histoires ou de propositions métaphysiques bâtis grâce à un savoir-faire humain de haut vol. C’est aussi une valeur historique, marquant l’évolution des goûts esthétiques, des préoccupations artistiques et des conditions de vie à travers les époques.

Ici, en se concentrant sur la thématique de la nature, l’exposition nous montre comment la représentation iconographique et chromatique de la flore a évolué dans la tapisserie depuis plus de 600 ans. On se rend compte que le végétal n’a pas toujours exprimé les mêmes formes. On découvre qu’au moyen-âge les « milles-fleurs », tapisseries dont l’espace était saturé de dessins de fleurs resserrés, étaient très tendances. Et puis surtout, se furent mes coups de cœur, on découvre des tapisseries dont l’évocation de la nature se veut formellement abstraites. Je retiendrais tout particulièrement « …. » de Yves Oppenheim, qui présente une variation de carré de nature  (Cf. ci-dessous). Ceci génère une dimension esthétique très vive et plaisante. Superbe !
INFOS PRATIQUES : Jusqu’au 19 janvier 2014 – Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins 75013 Paris – Du mardi au dimanche de 11h à 18h – Tarif plein : 6 euros, Tarif réduit : 4 euros.

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